Pendant les premières décennies de découvertes de dinosaures, on ne s’est guère préoccupé de leur ascendance évolutive. Non seulement les quelques spécimens connus ne ressemblaient à aucun animal vivant, mais ils étaient si différents de tous les autres reptiles qu’il était difficile de discerner grand-chose sur leurs relations. Très tôt, il a été reconnu que, en tant que groupe, les dinosaures semblaient être plus étroitement liés aux crocodiliens, bien que T.H. Huxley ait proposé dans les années 1860 que les dinosaures et les oiseaux aient dû avoir un ancêtre commun très proche dans un passé lointain. Trois caractéristiques anatomiques – des dents en forme de coquille, un crâne avec deux grands trous (diapside) et un autre trou dans la mâchoire inférieure – sont présentes à la fois chez les crocodiles et les dinosaures. Les premiers crocodiliens sont apparus presque simultanément avec les premiers dinosaures connus, de sorte qu’aucun n’a pu donner naissance à l’autre. On a longtemps pensé que l’ancêtre le plus probable des dinosaures se trouvait dans un groupe mal connu de reptiles du Trias appelé les thécodontiens (“reptiles à dents en forme de douille”). Aujourd’hui, il est reconnu que le terme “thecodontien” est simplement un nom pour les membres basaux, ou les plus primitifs, des archosaures (“reptiles dirigeants”), un groupe qui se distingue par les trois caractéristiques anatomiques mentionnées ci-dessus et qui comprend les dinosaures, les ptérosaures (reptiles volants), les crocodiles et leurs parents éteints.
Un des premiers candidats pour l’ancêtre des dinosaures était un petit archosaure basal de l’époque du Trias précoce (252,2 millions à 247,2 millions d’années) d’Afrique du Sud appelé Euparkeria. De nouvelles découvertes suggèrent des créatures encore plus semblables à des dinosaures du Trias moyen (247,2 millions à 237 millions d’années) et d’une partie précoce du Trias tardif (237 millions à 201,3 millions d’années) d’Amérique du Sud, notamment Lagerpeton, Lagosuchus, Pseudolagosuchus et Lewisuchus. D’autres formes, comme le Nyasasaurus et l’Asilisaurus, datent du Trias moyen d’Afrique de l’Est ; le Nyasasaurus est considéré par certains comme le plus ancien membre connu de Dinosauria. D’autres formes sud-américaines comme l’Eoraptor et l’Herrerasaurus ont une apparence particulièrement dinosaurienne et sont parfois considérées comme des dinosaures.
Encyclopædia Britannica, Inc.
La première apparition des “vrais dinosaures” est presque impossible à préciser, car on ne peut jamais savoir avec certitude si le tout premier (ou le dernier) spécimen d’un organisme quelconque a été trouvé. La succession des dépôts contenant des fossiles est discontinue et comporte de nombreuses lacunes ; même au sein de ces dépôts, le registre fossile des dinosaures et des autres créatures qu’ils contiennent est loin d’être complet. Pour compliquer encore les choses, l’évolution de la forme ancestrale à la forme descendante est généralement un processus par étapes. Par conséquent, au fur et à mesure que l’on comble les lacunes entre les premiers dinosaures et les autres archosaures, le nombre de caractéristiques permettant de les distinguer devient de plus en plus réduit. Actuellement, les paléontologues définissent les dinosaures comme le Triceratops (représentant l’Ornithischia), les oiseaux (les représentants les plus récents du Saurischia) et tous les descendants de leur ancêtre commun le plus récent. Cet ancêtre commun présentait apparemment une série de caractéristiques absentes des autres dinosaures apparentés, notamment la perte de l’os préfrontal au-dessus de l’œil, une longue crête deltopectorale sur l’humérus, trois articulations ou moins sur le quatrième doigt de la main, trois vertèbres de la hanche ou plus, une cavité de la hanche complètement ouverte et une crête cnémiale sur le tibia. Ces caractéristiques ont été transmises et modifiées chez les descendants des premiers dinosaures. Par rapport à la plupart de leurs contemporains, les dinosaures avaient une position et une posture améliorées, ce qui se traduisait par une meilleure démarche et, dans plusieurs lignées indépendantes, par une augmentation générale de leur taille. Ils étaient également plus efficaces dans la collecte et la transformation de la nourriture et avaient apparemment un taux métabolique et une alimentation cardiovasculaire plus élevés. Toutes ces tendances, individuellement ou de concert, ont probablement contribué au succès collectif des dinosaures, qui s’est traduit par leur domination parmi les animaux terrestres du Mésozoïque.