Posé dans Histoires de plantes intéressantes le 9 juillet 2015 par Maya Jaffe
Maya Jaffe est diplômée de l’Université internationale de Floride et a effectué un stage à l’Herbier William et Lynda Steere, où elle a travaillé sur un projet de numérisation des macrofongi, les plus grands types de champignons, y compris les champignons.
Je suis assise derrière des rideaux tirés dans une pièce sombre, éclairée seulement par des tentes lumineuses qui servent à prendre des photos. C’est une autre journée de travail en tant que stagiaire à l’herbier William et Lynda Steere, où je participe à un effort de numérisation des macrofongi du jardin botanique de New York. Alors que je me fraye un chemin par ordre alphabétique dans la famille des Agaricaceae, je tombe sur un spécimen de bouchon d’encre hirsute, Coprinus comatus, accompagné d’une belle illustration.
Coprinus comatus est un comestible commun que l’on trouve dans les prairies nord-américaines et européennes. C’est un champignon voyant, avec un chapeau hirsute blanc cylindrique qui devient en forme de cloche à mesure que le champignon mûrit et sécrète un liquide noir rempli de spores.
A part sa comestibilité lorsqu’il est jeune, le C. comatus me fascine parce qu’on a découvert qu’il est un bioaccumulateur de métaux lourds, absorbant les métaux du sol et les concentrant dans le corps fructifère. Les implications de ce phénomène sont énormes ; ce champignon peut potentiellement être utilisé pour séquestrer les contaminants dans le sol.
Ce concept d’utilisation des champignons comme solution pour nettoyer les paysages pollués est appelé mycoremédiation. De nombreux champignons peuvent aider à nettoyer les sites pollués, et en particulier, on a constaté que le chapeau d’encre hirsute hyperaccumule les métaux toxiques que sont le cadmium, le mercure et l’arsenic. La mycoremédiation fonctionne en inoculant le sol contaminé avec des spores qui peuvent ensuite bioaccumuler les métaux dans le sol, rétablissant le pH du sol.
Le mécanisme exact par lequel C. comatus absorbe les métaux n’est actuellement pas connu, mais grâce à de puissantes enzymes, ce champignon est capable de lier les métaux de la solution aqueuse. Le bouchon d’encre ne doit pas être négligé en tant que composant d’une stratégie intégrée de nettoyage des sites dégradés par l’environnement. Des résidus miniers aux déchets agricoles, nous pouvons utiliser les champignons pour assainir les sols et faire un pas de plus vers la résolution d’un problème de pollution tenace.
Lecture complémentaire :
Dulay, RMR. “Réponse de croissance et activité de mycoremédiation de Coprinus Comatus sur des milieux contaminés par des métaux lourds”. Mycosphère 6.1 (2015) : 1-7.
Dulay, RMR. “Culture aseptique de Coprinus Comatus (O. F. Mull.) Gray sur divers déchets de pâte et de papier”. Mycosphère 3.3 (2012) : 392-97.