Par le père Jerry Pokorsky (bio – articles – email) | 21 juin 2017

Il n’y a pas de contradiction entre la foi et la raison, la foi et la science. Les deux partagent le même auteur. Sans contradiction, la foi saisit des vérités qui sont hors de portée de la science.

Il ne peut y avoir de preuve scientifique terrestre de la Résurrection de Jésus, par exemple, tout comme il ne peut y avoir de preuve scientifique de la Transsubstantiation – le dogme de la Foi selon lequel le simple pain et le vin deviennent le précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ à chaque Messe. Pourtant, l’Église enseigne infailliblement ces éléments comme des dogmes de la foi. Devrions-nous attendre des scientifiques – ou de tout groupe de scientifiques – qu’ils partagent le même charisme d’infaillibilité ?

Nous avons tendance, à juste titre, à faire confiance aux médecins, malgré les nombreuses incertitudes de la profession médicale. La plupart d’entre nous vivent plus longtemps aujourd’hui grâce à la science. La science peut améliorer considérablement la qualité de la vie ; mais si on en abuse, la science peut être utilisée pour détruire à grande échelle. En outre, l’étude scientifique – et l’utilisation de la science – restera à jamais sujette à l’erreur, frappant un home run ici et là, frappant à d’autres occasions.

Pourtant, beaucoup ont plus de foi dans la science que dans la révélation de Dieu, même lorsque l’expérience suggère la prudence. Dans les années 1960, beaucoup s’en souviennent, on nous disait que la margarine était bien plus saine que le beurre. Aujourd’hui, on dit que le beurre est beaucoup plus sain que la margarine. Allez comprendre. Les théories de la physique de Newton ont été mises à jour et quelque peu remplacées par la théorie de la relativité d’Einstein. Aujourd’hui, les scientifiques remettent en question certains détails des théories d’Einstein. Après tout, “E=mc2” ne peut expliquer la réalité que jusqu’à un certain point.

La théorie de l’évolution de Darwin reste pour beaucoup un dogme infaillible et durable de la science. Les preuves scientifiques soutiennent-elles vraiment cette théorie ? Les configurations génétiques de l’ADN sont fragiles. Des mutations génétiques sont nécessaires pour obtenir des changements significatifs dans un organisme. Mais les preuves accumulées par certains scientifiques suggèrent que les mutations n’entraînent que des déformations et la mort, et non une évolution inter-espèces.

L’évolution s’est-elle faite par paliers ? Certaines races sont-elles plus humaines que d’autres ? L’Allemagne nazie a prétendu représenter la “race maîtresse” parce que les nazis se sont placés en avance sur le processus d’évolution. D’autre part, existe-t-il des preuves d’un saut évolutif généralisé d’une espèce (les singes, par exemple) en masse vers l’espèce humaine ? Si oui, quelles sont les preuves scientifiques ?

Notre foi nous enseigne que Dieu a créé le monde et que sa création est bonne. Il a créé la terre, le ciel et les animaux. Et ma théorie est que Dieu a créé les singes et beaucoup d’autres créatures pour notre amusement et notre affection. Les animaux, à bien des égards, sont conçus pour être des métaphores du comportement humain et sont tout à fait charmants à regarder : pensez au comportement comique des singes dans un zoo et au jeu des dauphins dans la mer. Il s’agit là d’observations subjectives et non scientifiques, j’en suis conscient. Mais l’enquête scientifique ne me persuadera jamais que les becs follement drôles des oiseaux n’ont qu’un but fonctionnel ou évolutif. C’est ma théorie, en tout cas – à la recherche de preuves empiriques qui, je le reconnais, seraient impossibles à trouver.

A mesure que la science étudie authentiquement la nature, de nombreux autres mystères se dévoilent. Les fascinants rapports scientifiques du Mars Exploration Rover, par exemple, soulèvent plus de questions qu’ils n’en résolvent. En fin de compte, la science est l’étude de mystères toujours plus vastes et sans fin. Je pense que tout scientifique honnête serait d’accord.

Il y a ceux qui disent qu’il n’y a pas de base scientifique pour les dogmes de la foi catholique au-delà du peu qui est fourni par les fouilles archéologiques et les rapports historiques. Du point de vue de la méthode scientifique empirique, cela est vrai. Mais le fait que les mystères de notre foi ne soient pas accessibles par la science, ne signifie pas que la foi est fausse ou qu’elle s’oppose à la science. Le sourire d’un enfant est merveilleux et mystérieux, peu importe combien d’ondes cérébrales et de muscles faciaux sont analysés par la science. Le mystère de la vie avec Dieu comme Auteur ne sera jamais entièrement saisi par notre faible raison humaine.

Mais avec la grâce de Dieu et avec les yeux de la foi, nous pouvons nous réjouir de la révélation de Dieu et saisir plus rapidement la signification des résultats de l’enquête scientifique. L’étude de la science est l’étude de l’œuvre de Dieu.

Par la foi en la révélation de Dieu, nous dépassons les limites du monde physique et, avec la foi, nous insistons sur le fait que l’Eucharistie est “la source et le sommet” de notre vie. Sur l’autorité de Jésus lui-même, le Verbe se fait chair à chaque messe et le Christ nous nourrit de son corps et de son sang sacrés. L’analyse scientifique ne peut pas prouver la divinité du pain et du vin consacrés, pas plus qu’une analyse scientifique ne peut prouver l’existence de nos âmes immortelles. Pour croire, nous avons besoin qu’une autorité compétente nous le dise. Et Dieu ne peut pas tromper.

Mais remarquez ce que ces “faits de foi” font pour nous.Le Verbe s’est fait chair pour nous rendre “participants de la nature divine.” (2 Pierre 1-4). “Car le Fils de Dieu s’est fait homme pour que nous devenions Dieu”. (Saint Athanase) “Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a assumé notre nature, afin que, fait homme, il fasse des hommes des dieux” (Saint Thomas d’Aquin) Et le meilleur de tout : “Voici le pain qui est descendu du ciel. Contrairement à vos ancêtres qui mangeaient et mouraient quand même, celui qui mange ce pain vivra éternellement.” (Jean 6:58)

La raison humaine et la science ne sont pas oblitérées ou contredites ; la raison humaine et la science sont élevées par la foi et la grâce de Dieu. En croyant et en aimant Dieu, nous sommes mieux à même d’aimer les autres. En union avec le Christ, nous devenons plus humains dans la vertu, comme le veut Dieu. C’est pourquoi nous nous réjouissons de la Sainte Communion et témoignons de notre croyance en la Présence réelle.

Notre foi en Jésus et en sa Présence réelle nous donne la raison de la raison humaine.

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