Le rachitisme nutritionnel revisité chez les enfants d’origine albanaise (deux cas)

Deux cas de rachitisme nutritionnel d’étiologie différente sont décrits. Les deux étaient des filles d’origine albanaise. La première était une fille de 10 mois née à terme qui a été présentée avec des convulsions. Les examens de laboratoire ont révélé une hypocalcémie (Ca 1,68 mmol/L), une hypophosphatémie (Pi 0,52 mmol/L), une phosphatase alcaline totale élevée (ALP 579 UI/L) et des lésions rachitiques au poignet et aux genoux. Les taux sériques de 25-hydroxy vitamine D (25OHD) et de 1,25-dixydroxy vitamine D (1,25(OH)2D) étaient très bas (1,0 nmol/L et 9,0 pmol/L respectivement) et l’hormone parathyroïdienne intacte (iPTH) élevée (25,2 pmol/L). L’excrétion urinaire de calcium, exprimée par le rapport calcium/créatinine dans un échantillon d’urine à jeun de 2 heures (UCa/UCr), était élevée (1,52 mM/mM), tandis que la réabsorption tubulaire rénale de phosphate, exprimée par le rapport entre la réabsorption maximale de Pi dans le rein et le débit de filtration glomérulaire (TmP/GFR 0,5 mmol/L GF), était faible. Le bébé avait été exclusivement nourri au sein par une mère déficiente en vitamines dont le taux de 25OHD s’élevait à 9,0 nmol/L en avril et le taux de Ca s’élevait à 1,9 mmol/L. Son exposition au soleil était également faible. Après avoir arrêté l’allaitement et l’avoir mise sous une formule de lait enrichi ainsi que sous un régime alimentaire mixte, la fillette a vu tous ses marqueurs biochimiques se normaliser en trois mois.

L’autre cas était celui d’une fillette de quatre ans qui avait une pâleur cutanée, un poids corporel<3e centile, une longueur<10e centile et des signes cliniques et radiologiques de rachitisme. Elle présentait un faible taux sérique de phosphate (Pi 0,55 mmol/L), un taux élevé d’ALP (742 UI/L) et une anémie ferriprive. Son calcium sérique était normal (SeCa 2,28 mmol/L), tout comme ses métabolites sériques de la vitamine D (25OHD 47 nmol/L, 1,25(OH)2D 49 pmol/L) et l’iPTH sérique (3,1 pmol/L). On a d’abord pensé qu’elle souffrait de rachitisme hypophosphatémique, mais après un court traitement au calcitriol et au phosphate, sa Pi sérique s’est normalisée (1,39 mmol/L). Le diagnostic initial a donc été reconsidéré et, après un nouvel interrogatoire sur le régime alimentaire de l’enfant, il a été révélé qu’elle ne mangeait pas de viande, bien qu’elle boive un peu de lait et mange de petites quantités de produits laitiers, ce qui a fait suspecter un rachitisme nutritionnel. Après cela, le traitement précédent a été arrêté et la viande a été introduite dans le régime alimentaire à raison de 4 à 6 fois par semaine. Le suivi de l’enfant pendant les huit mois suivants a montré une normalisation complète de ses marqueurs biochimiques et la guérison des lésions rachitiques, vérifiée par des radiographies des genoux, justifiant le diagnostic final de rachitisme nutritionnel.

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