Le dernier chapitre (pour l’instant, du moins) de la grande controverse sur la succinylcholine a été écrit et est rapporté ici. Un ” avertissement ” sur la réponse possible à la succinylcholine remplacera la déclaration de contre-indication qui a déclenché la controverse. La récente discussion approfondie concernant l’utilisation élective de la succinylcholine dans la population pédiatrique a fait l’objet d’un débat et d’un éditorial dans le numéro du printemps 1994 du bulletin de l’APSF.(1,2) Le numéro d’automne 1994 de cette publication présentait une chronologie des événements qui ont mené à la révision de la notice de la succinylcholine et à la reconsidération subséquente de cette révision. (3) Un éditorial paru dans ce même numéro traitait du processus d’éducation sur les médicaments. (4)
Burroughs Wellcome (le fabricant d’Anectine) a choisi de suivre les recommandations de l’Anesthetic and Life Support Drug Advisory Committee (ALSAC). Ce comité a recommandé que la déclaration de contre-indication de la succinylcholine chez les enfants et les adolescents, publiée précédemment, soit annulée et remplacée par un avertissement. Depuis novembre 1994, la notice de Burroughs Wellcome pour la succinylcholine de marque Anectine a été révisée pour contenir un avertissement “encadré”. Cet avertissement est situé au début de la notice (voir encadré AVERTISSEMENT ci-dessous).
La substitution de cet avertissement a permis d’atteindre plusieurs objectifs recommandés par le comité ALSAC. La contre-indication a été rétrogradée en un avertissement (fort). La population la plus à risque a été définie avec plus de précision, par exemple, les enfants de moins de huit ans, en particulier les garçons. Plus important encore, du matériel éducatif a été fourni concernant la nécessité d’une reconnaissance rapide et d’un traitement approprié en cas de réaction hyperkaliémique. La notice aborde également ces questions dans la section “Précautions” et dans la section “Posologie et administration”.
Cette notice nouvellement révisée était en vigueur en novembre 1994. Avant que ce numéro du bulletin de l’APSF ne parvienne aux lecteurs, les anesthésiologistes devraient avoir reçu des lettres “Cher Docteur” et la nouvelle notice de Burroughs Wellcome. Il est probable que d’autres fabricants feront de même.
Il y aura sans doute des anesthésistes et des infirmiers anesthésistes qui penseront que l’avertissement et la notice révisés sont “trop forts”. Il y aura aussi des médecins et des CRNA qui penseront qu’elle n’est “pas assez forte”. Toutes les personnes intéressées doivent être assurées que ce document est le résultat d’un processus long et ardu qui s’est déroulé grâce aux meilleurs efforts de la communauté anesthésique, de la FDA, du comité ALSAC et des fabricants de succinylcholine. Le processus a été éducatif pour tous les praticiens de l’anesthésie.
Le Dr Morell de l’école de médecine Bowman-Gray à Winston-Salem NC est membre du comité de rédaction du bulletin de l’APSF.
1. Morell RC, Berman JM (Pro) ; Woelfel SK (Con). A mon avis : un débat : la succinylcholine est-elle sûre pour les enfants. Anesthesia Patient Safety Foundation Newsletter 1994 ; 9(l):1,3-5.
2. Eichhorn JH. Editorial : Are we becoming too afraid of complications ? Anesthesia Patient Safety Foundation Newsletter 1994,9(l):2-3.
3. Morell RC. FDA Group Urges Sux Label Wording Reduced to ‘Warning’. Anesthesia Patient Safety Foundation Newsletter 1994 ; 9(3) : 25,27-28.
4. Miller ED. Editorial : Sux debate shows process of drug education. Bulletin de la Fondation pour la sécurité des patients en anesthésie 1994 ; 9(3)26.
5. Notice d’emballage. Anectine (chlorure de succinylcholine) injectable, USP. Burroughs Wellcome Company, novembre 1994.
Attention : Risque d’arrêt cardiaque dû à une rhabdomyolyse hyperkaliémique
On a rapporté de rares cas de rhabdomyolyse aiguë avec hyperkaliémie suivie de dysrythmies ventriculaires, d’arrêt cardiaque et de décès après l’administration de succinylcholine à des enfants apparemment en bonne santé chez qui on a découvert par la suite une myopathie des muscles squelettiques non diagnostiquée, le plus souvent la dystrophie musculaire de Duchenne.
Ce syndrome se présente souvent sous la forme d’un pic des ondes T et d’un arrêt cardiaque soudain dans les minutes qui suivent l’administration du médicament chez des enfants d’apparence saine (généralement, mais pas exclusivement, des garçons, et le plus souvent âgés de 8 ans ou moins). Des cas ont également été rapportés chez des adolescents.
En conséquence, lorsqu’un nourrisson ou un enfant semblant en bonne santé présente un arrêt cardiaque peu après l’administration de succinylcholine, sans que l’on pense qu’il soit dû à une ventilation ou une oxygénation inadéquate ou à un surdosage anesthésique, un traitement immédiat de l’hyperkaliémie doit être instauré. Cela doit inclure l’administration de calcium, de bicarbonate et de glucose par voie intraveineuse avec de l’insuline, ainsi qu’une hyperventilation. En raison de l’apparition brutale de ce syndrome, les mesures de réanimation de routine risquent d’être infructueuses. Cependant, des efforts extraordinaires et prolongés de réanimation ont permis de réussir la réanimation dans certains cas rapportés. De plus, en présence de signes d’hyperthermie maligne, un traitement approprié doit être instauré simultanément.
Puisqu’il peut n’y avoir aucun signe ou symptôme pour alerter le praticien sur les patients à risque, il est recommandé de réserver l’utilisation de la succinylcholine chez l’enfant à l’intubation d’urgence ou aux cas où une sécurisation immédiate des voies aériennes est nécessaire, par ex, laryngospasme, voies respiratoires difficiles, estomac plein, ou pour une utilisation intramusculaire lorsqu’une veine appropriée est inaccessible (voir PRÉCAUTIONS : UTILISATION PÉDIATRIQUE et POSOLOGIE ET ADMINISTRATION).’