Origines de l’épidémie d’Ebola 2014

Un an après le début de l’épidémie d’Ebola. Janvier 2015

Une maladie “mystérieuse” a commencé à se propager silencieusement dans un petit village de Guinée le 26 décembre 2013 mais n’a été identifiée comme Ebola que le 21 mars 2014.

Des scientifiques du laboratoire mobile de l'OMS au point de passage entre la Guinée et la Sierra Leone.

OMS/Saffea Gborie

Chapitre 2 – Des études rétrospectives menées par le personnel de l’OMS et les responsables sanitaires guinéens ont identifié le cas index de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest comme étant un garçon de 18 mois qui vivait à Meliandou, en Guinée. Le garçon a développé une maladie caractérisée par de la fièvre, des selles noires et des vomissements le 26 décembre 2013 et est décédé deux jours plus tard. La source exacte de son infection n’a pas été identifiée mais a probablement impliqué un contact avec des animaux sauvages.

Le village isolé et peu peuplé de Meliandou, qui ne compte que 31 ménages, est situé dans le district de Gueckedou, dans ce qu’on appelle la région forestière. Une grande partie de la zone forestière environnante a cependant été détruite par des exploitations minières et forestières étrangères.

Certains éléments suggèrent que la perte de forêt qui en a résulté, estimée à plus de 80%, a rapproché des établissements humains les animaux sauvages potentiellement infectés, ainsi que l’espèce de chauve-souris considérée comme le réservoir naturel du virus. Avant l’apparition des symptômes, l’enfant a été vu jouant dans son jardin près d’un arbre creux fortement infesté de chauves-souris.

“Vous devez connaître Ebola pour combattre Ebola. Mobilisez votre peuple.”

Dr Clement, OMS, Liberia

Dès la deuxième semaine de janvier 2014, plusieurs membres de la famille immédiate du garçon avaient développé une maladie similaire suivie d’une mort rapide. Il en a été de même pour plusieurs sages-femmes, guérisseurs traditionnels et membres du personnel d’un hôpital de la ville de Gueckedou qui les ont soignés.

Au cours de la semaine suivante, des membres de la famille élargie du garçon, qui assistaient à des funérailles ou prenaient soin de parents malades, sont également tombés malades et sont morts. A ce moment-là, le virus s’était propagé à quatre sous-districts via des chaînes de transmission supplémentaires. Un schéma d’exposition non protégée, de plus de cas et de décès, de plus d’enterrements et de propagation supplémentaire s’était établi.

Les premières investigations : choléra ?

La première alerte a été lancée le 24 janvier, lorsque le chef du poste de santé de Meliandou a informé les responsables sanitaires du district de cinq cas de diarrhée sévère à l’issue rapidement fatale. Cette alerte a déclenché une enquête le lendemain à Meliandou par une petite équipe de responsables sanitaires locaux. Les symptômes signalés, notamment la diarrhée, les vomissements et une déshydratation sévère, semblaient similaires à ceux du choléra, l’une des nombreuses maladies infectieuses endémiques de la région. Cependant, aucune conclusion ferme n’a pu être tirée.

Une deuxième équipe plus importante, comprenant du personnel de Médecins Sans Frontières (MSF), s’est rendue à Meliandou le 27 janvier. L’examen microscopique des échantillons de patients a révélé la présence de bactéries, ce qui a de nouveau permis de conclure que la maladie inconnue était probablement le choléra. Après la visite de l’équipe, d’autres décès sont survenus mais n’ont été ni signalés ni enquêtés.

Le 1er février, le virus a été transporté dans la capitale, Conakry, par un membre infecté de la famille élargie du garçon. Il est mort quatre jours plus tard dans un hôpital où, les médecins n’ayant aucune raison de suspecter Ebola, aucune mesure n’a été prise pour protéger le personnel et les autres patients. Au fur et à mesure que le mois avançait, les cas se sont étendus aux préfectures de Macenta, Baladou, Nzerekore et Farako, ainsi qu’à plusieurs villages et villes situés le long des routes menant à ces destinations.

Alerte, enquête et identification du virus Ebola

Le ministère de la Santé a émis sa première alerte à la maladie non identifiée le 13 mars 2014. Le même jour, le personnel du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique (AFRO) a officiellement ouvert un événement du système de gestion des urgences pour une maladie suspectée d’être la fièvre de Lassa.

Une enquête majeure, impliquant le personnel du ministère de la Santé, de l’OMS AFRO et de MSF, a eu lieu du 14 au 25 mars, avec des visites sur place à Kissidougou, Macenta, Gueckedou City et Nzerekore. Cette enquête a permis de découvrir des liens épidémiologiques entre des foyers dont on ignorait jusqu’alors l’existence et d’identifier la ville de Gueckedou comme l’épicentre de la transmission d’une maladie dont la cause n’était toujours pas connue.

Le 21 mars, l’Institut Pasteur de Lyon, en France, un centre collaborateur de l’OMS, a confirmé que l’agent causal était un filovirus, réduisant le diagnostic à la maladie à virus Ebola ou à la fièvre hémorragique de Marburg.

Le lendemain, le laboratoire a confirmé que l’agent causal était l’espèce Zaïre, le virus le plus mortel de la famille Ebola. Le même jour, le gouvernement a alerté l’OMS de ce qui a été décrit comme une épidémie de maladie à virus Ebola “en évolution rapide”. Lorsque l’OMS a annoncé publiquement l’épidémie sur son site Internet le 23 mars, 49 cas et 29 décès ont été officiellement signalés.

  • Actualité des épidémies : Maladie à virus Ebola en Guinée – 23 mars 2014
  • Histoires de Guinée sur l’épidémie d’Ebola

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