Le président de l’université de Harvard a provoqué un tollé en affirmant que les hommes sont plus performants que les femmes en mathématiques et en sciences en raison d’une différence biologique, et que la discrimination n’est plus un obstacle à la carrière des femmes universitaires.
Lawrence Summers, économiste de carrière qui a été secrétaire au Trésor sous le président Clinton, a une réputation de franc-parler. Son mandat à Harvard a été marqué par des heurts avec le personnel afro-américain et des intellectuels de gauche, ainsi que par des plaintes concernant une baisse de l’embauche de femmes.
Il a fait ses remarques lors d’une conférence privée sur la position des femmes et des minorités dans les sciences et l’ingénierie, organisée par le National Bureau of Economic Research.
Dans une longue allocution prononcée sans notes, le Dr Summers a proposé trois explications à la pénurie de femmes aux postes de direction dans le domaine des sciences et de l’ingénierie, en commençant par leur réticence à travailler de longues heures en raison des responsabilités liées à la garde des enfants.
Il a ensuite affirmé que les garçons obtiennent de meilleurs résultats que les filles en sciences et en mathématiques au lycée en raison d’une différence génétique. “La recherche en génétique comportementale montre que les choses que les gens attribuaient auparavant à la socialisation n’étaient pas dues à la socialisation après tout”, a-t-il déclaré hier au Boston Globe.
À titre d’exemple, le Dr Summers a raconté à la conférence avoir donné deux camions à sa fille. Elle les a traités comme des poupées et les a appelés mummy et daddy trucks, a-t-il dit.
Le Dr Summers a également minimisé l’impact des préjugés sexuels dans les nominations dans les institutions académiques.
Il a dit : “La vraie question est la taille globale du bassin, et il est moins clair à quel point la taille du bassin a été maintenue à la baisse par la discrimination.”
Au moins la moitié de son auditoire était composé de femmes, plusieurs ont dit qu’elles avaient trouvé les remarques offensantes et une est sortie.
“C’était vraiment choquant d’entendre le président de Harvard faire de telles déclarations”, a déclaré Denice Denton, qui est sur le point de devenir présidente de l’Université de Californie à Santa Cruz.
D’autres ont déclaré que les commentaires du Dr Summers étaient déprimants et familiers. “J’ai entendu des hommes faire des commentaires de ce genre toute ma vie et très honnêtement, si je les avais écoutés, je n’aurais jamais rien fait”, a déclaré Donna Nelson, professeur de chimie à l’Université d’Oklahoma.
Une porte-parole de Harvard a refusé de commenter hier, ou de publier la transcription des remarques du Dr Summers. Richard Freeman, qui a invité le président de Harvard à s’exprimer lors de la conférence, a déclaré que les commentaires du Dr Summers étaient destinés à provoquer un débat, et que certaines femmes ont réagi de manière excessive.
“Certaines personnes se sont senties offensées parce qu’elles étaient très sensibles”, a déclaré le Dr Freeman, économiste à Harvard et à la London School of Economics. “Il ne me semble pas insensé de penser que les hommes et les femmes ont des différences biologiques.”
Pendant la présidence du Dr Summers, le nombre d’emplois titulaires offerts aux femmes a chuté de 36% à 13%. L’année dernière, seuls quatre des 32 postes de titulaires ont été offerts à des femmes.
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