Bien que l’on ait pensé que le cancer de l’ovaire était asymptomatique jusqu’aux stades tardifs de la maladie, des études récentes ont indiqué que les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire rapportaient des symptômes avant le diagnostic, et ces symptômes sont similaires pour les stades tardifs et précoces de la maladie. Les plaintes les plus courantes signalées avant le diagnostic sont les symptômes abdominaux, gastro-intestinaux, douloureux, constitutionnels, urinaires et pelviens. Étant donné que la survie à cinq ans pour le cancer de l’ovaire est beaucoup plus élevée avec un diagnostic précoce, un ensemble fiable de symptômes à rechercher pourrait faciliter la détection précoce. Goff et ses collègues ont réalisé une étude auprès de patientes de soins primaires afin de déterminer si la fréquence, la gravité et la durée des symptômes étaient plus prononcées chez les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire que chez celles consultées pour des problèmes de routine.
Les auteurs ont interrogé des femmes se rendant dans deux sites de soins primaires concernant la gravité, la fréquence et la durée de 20 symptômes associés au cancer de l’ovaire. La même enquête a été menée auprès de femmes se présentant dans une clinique spécialisée pour l’ablation d’une masse ovarienne ou pelvienne.
Sur les 1 709 patientes ayant répondu à l’enquête, 25 % se présentaient pour un examen général, 13 % pour une mammographie et 62 % pour des problèmes spécifiques. Parmi ces femmes, 95 % ont présenté au moins un des 20 symptômes énumérés au cours de l’année précédente, les douleurs dorsales étant les plus fréquentes (60 %), suivies de la fatigue (52 %), de l’indigestion (37 %), des symptômes des voies urinaires (35 %), de la constipation (33 %) et des douleurs abdominales (28 %). Bon nombre de ces symptômes sont réapparus au moins une fois par mois chez 72 % des femmes. Les symptômes étaient plus fréquents chez les femmes souffrant de diabète, de maladies de la thyroïde et du syndrome du côlon irritable (SCI). Les femmes post-ménopausées présentaient globalement moins de symptômes que les femmes préménopausées. Avec l’augmentation de l’âge, tous les symptômes étaient moins fréquents, à l’exception des symptômes des voies urinaires.
Sur les 128 femmes présentant une masse pelvienne, 84 avaient des masses bénignes et 44 avaient des tumeurs malignes, 11 avec une maladie de stade précoce et 33 avec une maladie avancée. Les femmes atteintes de malignités présentaient un nombre médian de symptômes et de symptômes récurrents plus élevé que les patientes de la clinique, 36 % d’entre elles ayant eu des symptômes pendant deux mois ou moins, 24 % pendant deux à trois mois et 14 % pendant plus d’un an. Si l’on compare les femmes atteintes d’un cancer malin à celles qui souffrent du syndrome du côlon irritable (et qui présentent donc un nombre élevé de symptômes), on constate qu’un pourcentage significativement plus élevé de femmes atteintes d’un cancer malin présentent des douleurs pelviennes (41 % contre 25 %), des ballonnements (70 % contre 49 %), une augmentation de la taille de l’abdomen (64 % contre 32 %) et des symptômes des voies urinaires (55 % contre 33 %). Les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire étaient significativement plus susceptibles que le groupe clinique de présenter des douleurs pelviennes, des douleurs abdominales, des difficultés à manger, des ballonnements, une augmentation de la taille de l’abdomen et des urgences urinaires.
En comparant les groupes de symptômes, 43 % des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire présentaient la combinaison de ballonnements, de douleurs abdominales et de symptômes de l’appareil urinaire, alors que 10 % des femmes atteintes de masses bénignes, 13 % des femmes atteintes du SCI et 8 % des femmes du groupe clinique présentaient cette combinaison. Les symptômes étaient plus graves et plus fréquents chez les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire ou du SCI que chez les patientes de la clinique. Les symptômes étaient généralement continus chez les femmes atteintes de tumeurs malignes, alors qu’ils étaient occasionnels et intermittents chez les patientes des cliniques. Les femmes atteintes de masses bénignes présentaient également souvent des symptômes quotidiens, qui se recoupaient avec les symptômes ressentis par les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire, mais incluaient la constipation. Enfin, les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire avaient une durée de symptômes beaucoup plus courte, avec une médiane de six mois ou moins, contre 12 à 24 mois chez les patientes de la clinique et celles atteintes du SII.
Il n’existe aucun test de dépistage efficace du cancer de l’ovaire. Les symptômes les plus fréquemment rapportés chez les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire sont les ballonnements, l’augmentation de la taille de l’abdomen, les douleurs abdominales ou pelviennes et les symptômes des voies urinaires, bien que ces symptômes soient également fréquents chez les femmes atteintes de masses bénignes. Les symptômes ont tendance à être plus graves, plus fréquents et de plus courte durée chez les femmes atteintes de masses malignes que chez les femmes atteintes de masses bénignes. Les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire sont également plus susceptibles de présenter une combinaison de symptômes.
Les auteurs concluent que cette étude fournit davantage de preuves que le cancer de l’ovaire n’est pas une maladie asymptomatique. Les symptômes plus sévères, plus fréquents et d’apparition récente sont plus susceptibles d’être associés à des masses ovariennes.