Histoire ancienne
Bien que fondée en 1648, l’Académie reste impuissante en raison de l’opposition des corporations d’artisans jusqu’en 1661, date à laquelle elle passe sous l’aile de Jean-Baptiste Colbert, conseiller principal de Louis XIV. Conscient de l’avantage politique de pouvoir imposer des normes artistiques et de glorifier le roi, Colbert confie à l’Académie le contrôle exclusif de l’enseignement et de l’exposition publique de l’art. En 1663, il nomme le talentueux et dynamique Charles Le Brun comme premier directeur de l’Académie. Sous ce nouveau régime, l’Académie a rapidement acquis un contrôle presque total sur les artistes en France.
Pour commencer, seuls les artistes qui étaient des membres élus de l’Académie (c’est-à-dire les académiciens) étaient éligibles pour les emplois officiels dans le domaine des arts. Par exemple, les postes de tous les peintres et sculpteurs, dessinateurs et architectes nommés par la cour, ainsi que tous les inspecteurs et chefs des manufactures royales – comme la Tapisserie des Gobelins – et les professeurs d’arts étaient exclusivement réservés aux académiciens. Comment un artiste entrait-il dans les rangs de l’Académie ? En obtenant qu’un comité d’académiciens ” accepte ” l’œuvre d’art qu’il lui soumettait.
De plus, afin de faire connaître son savoir-faire à des clients potentiels, un artiste devait exposer ses œuvres en public. Mais comme la seule exposition d’art publique autorisée était le Salon, il ne pouvait exposer que si sa soumission était “acceptée” par le jury du Salon (également composé d’académiciens).
En bref, l’Académie exerçait un contrôle total sur tous les aspects de la peinture et de la sculpture françaises. Et les artistes dont elle désapprouvait le travail avaient beaucoup de mal à gagner leur vie.
L’art académique
Dans le cadre de sa réglementation de la peinture française, l’Académie française a imposé ce qu’on a appelé la hiérarchie des genres, dans laquelle les cinq différents genres de peinture étaient classés en fonction de leur valeur d’édification. Cette hiérarchie a été annoncée en 1669 par André Félibien, secrétaire de l’Académie française, et classait les peintures comme suit : (1) Peinture d’histoire ; (2) Art du portrait ; (3) Peinture de genre ; (4) Art du paysage ; (5) Peinture de nature morte. Ce système a été utilisé par les académies comme base pour l’attribution des bourses et des prix, ainsi que pour l’allocation des espaces dans le Salon. Il a également eu un impact majeur sur la valeur financière d’une œuvre. Bien que l’introduction de ces règles esthétiques ait eu un mérite théorique, leur interprétation rigide a miné l’ensemble du processus.
En plus de réglementer les genres et les thèmes, l’Académie a introduit de nombreuses conventions sur (par ex.) comment un tableau doit être peint : y compris le style général (l’Académie préférait l’art figuratif dans l’idiome néoclassique) ; les schémas de couleurs recommandés ; la quantité de pinceau qui doit rester visible ; comment un tableau doit être terminé ; et bien d’autres.
Méthodes d’enseignement conservatrices
L’école de l’Académie française – l’École des Beaux-Arts de Paris – était réputée pour son approche conservatrice et immuable de l’éducation artistique. Les élèves commençaient par dessiner, d’abord à partir d’estampes de sculptures grecques ou de peintures célèbres de maîtres anciens comme Léonard de Vinci (1452-1519) et Raphaël (1483-1520), puis à partir de moulages en plâtre ou d’originaux de statues antiques ; enfin, ils passaient au dessin de figures à partir de nus masculins vivants (appelé “dessin d’après nature”). À la fin de chaque étape, leurs dessins étaient soigneusement évalués avant qu’ils ne soient autorisés à aller plus loin. Ce n’est qu’après plusieurs années de dessin, ainsi que de géométrie et d’anatomie humaine, que les élèves étaient autorisés à peindre, c’est-à-dire à utiliser la couleur. En fait, la peinture ne figurait pas du tout au programme de l’École des Beaux-Arts jusqu’en 1863 : pour apprendre à peindre, les étudiants devaient rejoindre l’atelier d’un académicien.
La controverse du Salon
Pendant quelque 150 ans (1740-1890), le Salon a été l’exposition d’art annuelle/biannuelle la plus prestigieuse du monde. Jusqu’à 50 000 visiteurs pouvaient assister au Salon un seul dimanche, et un total de 500 000 pouvaient visiter l’exposition pendant ses huit semaines d’existence. Pendant longtemps, le Salon a été utilisé par l’Académie comme un moyen de forcer les artistes à se conformer à ses propres critères esthétiques de plus en plus rigides et dépassés, une pratique qui rencontrait de plus en plus d’opposition. L’une des premières victimes des restrictions de l’Académie fut l’artiste populaire Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), qui, en 1769, fut accepté à l’Académie non pas comme “peintre d’histoire” mais comme simple “peintre de genre”. Et ce, malgré l’avis de Denis Diderot, rédacteur en chef de l’Encyclopédie, selon lequel Greuze représentait le “plus haut idéal” de la peinture française de l’époque.
La seconde moitié du XIXe siècle est le théâtre d’une controverse beaucoup plus importante, car un nombre croissant de tableaux très estimés se voient refuser l’admission au Salon, non pas en raison de leur manque de qualité, mais parce qu’ils ne se conforment pas aux règles rigides de l’Académie. Dans le même temps, un grand nombre d’œuvres médiocres de “style académique” ont été acceptées.
En 1855, par exemple, le peintre réaliste Gustave Courbet (1819-1877) a présenté au Salon son chef-d’œuvre – L’atelier de l’artiste (une allégorie réelle) (1855, musée d’Orsay). Cet immense tableau réaliste présentait des portraits, des natures mortes et des paysages, illuminés par la présence de l’un des nus féminins les plus saisissants de la peinture française. Mais le jury du Salon l’a refusé. En 1863, les artistes et les critiques d’art se déchaînent encore davantage lorsque le jury du Salon rejette plus de 3 000 œuvres soumises, dont Déjeuner sur l’herbe (1863) d’Édouard Manet et des tableaux de Paul Cézanne, de l’Américain Whistler et de Camille Pissarro. Cela a conduit l’empereur français Napoléon III à annoncer que les peintres dont les œuvres avaient été rejetées par le Salon officiel pouvaient les exposer simultanément au Salon des Refus, dans un lieu voisin. Cette controverse a fortement entamé la réputation du Salon.
En 1881, l’Académie abandonne le contrôle du Salon, qui est repris par la Société des Artistes Français. Cela a été suivi par la fondation de deux autres grandes expositions d’art annuelles à Paris – le Salon des Indépendants (établi en 1884) et le Salon d’Automne, Paris (1903). Depuis, un certain nombre de nouveaux Salons ont vu le jour, tels que le Salon de Mai, le Salon de la Jeune Peinture et le Salon des Réalités Nouvelles.
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